Il y a 58 jours aujourd’hui, George Floyd est décédé de façon brutale aux États-Unis. Cet évènement tragique, bien que loin d’être le premier de cette nature, a suscité une rage retentissante chez la population mondiale et a donné un regain monstre à la lutte contre le racisme.
En 2020, une grande majorité d’entre nous s’entend pour dire qu’il est du devoir de chacun de faire valoir et protéger les droits humains et de faire preuve d’égalité. Malheureusement, la réalité est loin d’être aussi utopique et le racisme est un enjeu actuel qui ne tend pas à disparaitre de sitôt. Reconnaître l’existence du problème nous rapproche légèrement de la solution, mais ce n’est pas suffisant. Nous devons tous agir pour éliminer l’écart qui existe entre les humains, car soyons bien clairs : les couleurs de peau existent, mais les races humaines au pluriel, ça n’existe pas. Il n’y a qu’une seule race humaine, composée d’une incroyable diversité de caractéristiques physiques et culturelles.
Et donc, 45 jours plus tard, que retenons-nous? Nous en sommes à un point de l’histoire où nous devons trouver un juste milieu entre l’éducation et la normalisation. Il est primordial de continuer à parler du racisme, afin de faire tomber les barrières qui se dressent devant les groupes de population victimes de ces comportements… sans toutefois créer de distinction démesurément grande entre les gens selon leur couleur de peau. Il faut reconnaître les privilèges et les obstacles présents dans notre société, tout en se rappelant que le but final recherché est l’uniformité de droits et d’opportunités pour tous.
Solios ne prétend pas être un expert sur le sujet, mais nous tenions à vous faire part du fruit de nos recherches et de nos discussions à l’interne, afin de faire avancer ce débat qui nous touche tous.
Black lives matter protest in montreal, no justice no peace sign.
Photographer: Rolande PG | Source: Unsplash

Le racisme : un enjeu global qui s’étend bien au-delà des frontières américaines

Les États-Unis sont souvent pointés du doigt, car en tant que pays développé se voulant une nation égalitaire, le racisme systémique reste encore extrêmement ancré dans beaucoup d’états. Il ne faut toutefois pas oublier que ce que nous voyons aux nouvelles concernant la discrimination dans leur pays se vit malheureusement aussi plus près de chez nous.
Dans notre Montréal multiculturelle natale, les injustices liées au racisme prennent plusieurs formes et sont un problème vécu quotidiennement par beaucoup. Le racisme systémique est présent dans notre structure sociétale, et très peu de mesures sont mises en place pour contrer ces biais et ces barrières sociales. Qu’on parle de profilage racial ou de barrières liées à l’immigration, notre système n’est pas égalitaire pour tous, malgré ce que l’on aimerait croire.
Plusieurs facteurs majeurs expliquent ce phénomène, mais les deux éléments qui semblent revenir le plus souvent dans les discussions sont le manque de réseaux et l’absence de patrimoine familial. Si la communauté noire avait le même accès aux décideurs et aux meilleurs emplois, et s’ils bénéficiaient du même transfert de patrimoines descendant de plusieurs générations, les écarts économiques observés seraient visiblement réduits. Il faudrait donc se tourner temporairement vers la discrimination positive, afin d’augmenter la présence des Noirs dans les emplois économiquement plus avantageux afin d’atteindre l’égalité. C’est une pratique déjà mise en place pour briser le plafond de verre pour les femmes, et qui s’appliquerait aussi dans ce contexte.
Dans une société multiculturelle telle que celle dans laquelle nous vivons à Montréal, nous avons une opportunité extraordinaire de devenir un modèle pour le monde en appliquant des vrais concepts d’équité et d’égalité à notre quotidien. L’apport du bagage culturel varié de chacun crée une réalité de communautés culturelles au pluriel presqu’inégalée ailleurs dans le monde. C’est une chance que nous avons de vivre dans une société aussi diversifiée. Mais comment une communauté complète peut-elle révolutionner ses pratiques et inspirer le monde ? Ces changements passent par ses membres, soient ses citoyens et ses entreprises.
Nous vous invitons à vous informer sur ces enjeux selon l’endroit où vous demeurez dans le monde.

Canada : Quelques statistiques et faits locaux

  • En 2015, un homme noir était rémunéré en moyenne 16 000 $ de moins que les autres hommes (différence similaire de 9 000 $ recensée chez les femmes). Autrement dit, être noir au Canada, c’est avoir un salaire plus bas de 26 % en moyenne.
  • En 2016, le taux de chômage était près de deux fois plus élevé chez les personnes noires (10.2%) que la moyenne de l’ensemble de la population (6%).
  • Au Canada, les Noirs ont un taux de diplomation comparable à celui du reste de la population : 27.6 % avaient un diplôme postsecondaire en 2016, contre 29.7% dans le reste de la population. L’éducation seule n’explique donc pas les différences de salaires.
  • En 2016, une femme noire avait presque deux fois plus de risques que les autres – 19,6 % au lieu de 10,9 % – d’être victime d’un traitement injuste ou de discrimination au travail.
« I want to live ». Photo taken during a Black Lives matter protest in Paris
Photographer: Thomas de LUZE | Source: Unsplash

Quelles actions peut-on poser dans notre quotidien?

1. S’informer sur son propre privilège
En reconnaissant vos propres avantages, vous pourrez mieux identifier les actions à poser dans votre quotidien afin de permettre à ceux qui vous entourent d’avoir un accès égal aux mêmes opportunités que vous.
L’article sur le privilège de Global Citizen explique bien la difficulté de cette réflexion et nous offre quelques étapes à suivre afin de nous guider dans ce processus.
2. Réfléchir sur ses connaissances et ses acquis
Les bases de vos connaissances sur le sujet ont fort probablement été posées il y a bien longtemps. Il est important dans le contexte actuel de remettre en question vos opinions liées au racisme et les messages qui vous ont été transmis dans notre enfance. Prenez aussi le temps d’examiner le portrait de la diversité à l’endroit où vous vivez. Quels stéréotypes avez-vous tendance à croire et/ou mettre en pratique, malgré toute votre bonne volonté ?
La plate-forme de PBS qui accompagne leur très célèbre documentaire « Race: The Power of Illusion », est une bonne source d’information qui aborde la structure sociale du racisme en Amérique du Nord.
Le Petit Guide pour Combattre le Racisme au Québec, composé par le Mouvement d’Éducation Populaire et d’Action Communautaire du Québec est une ressource francophone assez détaillée qui fournit aussi plusieurs pistes de solutions.
3. Reconnaître l’existence et l’impact du racisme
Souligner la réalité et l’importance des expériences des autres est un pas en soi vers l’élimination du racisme. La meilleure façon de comprendre la discrimination est d’écouter les personnes qui en ont été victimes. Il est aussi crucial d’avoir des conversations « difficiles » avec les gens qui vous entourent afin de faire avancer le débat et d’éduquer les gens qui sont moins familiers avec cet enjeu. Il ne faut pas avoir peur de ces débats sur l’injustice raciale, car l’ignorance et l’insouciance sont les principaux comportements qui assurent la persistance du phénomène.
Lisez ces quatre histoires de racisme identifiées par l’ONU qui décrivent bien la variété de problèmes vécus à travers le monde.
4. S’opposer concrètement aux actions racistes
Ne restez pas silencieux lorsque vous êtes témoins de comportements ou commentaires racistes. Ce genre d’attitude est indirectement reconnue et acceptée lorsqu’elle n’est pas contestée. En tant qu’individu et en tant que société, nous devons remettre en question toute action ou pratique discriminatoire et tenter d’éduquer les personnes qui vont preuve de discrimination afin de défier et modifier leur position sur le sujet.
5. Privilégier le divertissement éducatif
L’histoire des noirs et du racisme a été racontée à maintes reprises d’une multitude de façons différentes. Lorsque vous êtes à la recherche d’un film ou d’un livre pour passer une soirée tranquille, tentez d’inclure l’une des œuvres suivantes afin de profiter de ces moments de diversion pour en apprendre davantage sur l’enjeu.
6. S’impliquer dans la communauté
Si vous avez un peu de temps libre que vous souhaitez consacrer à une cause qui vous tient à cœur, nous vous encourageons fortement à le faire. Vous pouvez tenter de contacter directement des organismes que vous avez identifiés et qui rejoignent vos valeurs, ou passer par des plateformes de recrutement de bénévoles.
Liste d’organismes ayant participé à la Consultation publique sur la discrimination systémique et le racisme du Québec auxquels vous pourriez offrir votre support.
La Vie Des Noir.e.s Compte / Black Lives Matter painted on the streets of Montreal.
Photographer: Martin Reisch | Source: Unsplash

Et Solios dans tout ça?

Nous faisons notre possible. En tant que petite entreprise qui n’en est qu’à sa deuxième année d’existence, nos ressources financières et humaines sont très limitées pour s’attaquer à un problème d’envergure tel que celui-ci. Cependant, en tant que membre actif de la communauté montréalaise et mondiale, nous reconnaissons que comme toute autre entreprise, nous nous devons d’offrir des opportunités égales à tous et ce, peu importe la couleur de leur peau. Il est de notre devoir de reconnaître les inégalités qui existent dans la société dans laquelle nous évoluons et d’y mettre fin en mettant en pratique des politiques claires d’inclusion au sein de l’entreprise, ainsi qu’en utilisant notre voix d’entreprise afin de sensibiliser notre communauté sur le sujet.
Brièvement, mais concrètement :
  1. Suite au mouvement massif qui s’est mis en branle suite à l’homicide tragique de George Floyd, Solios s’est joint à plusieurs pétitions et a offert un don à la fondation Black lives Matter Canada dans leur combat pour l’égalité, car nous croyons sincèrement que l’ampleur des protestations actuelles pourraient mener à des changements majeurs dans notre société ;
  2. Depuis mars 2020, tous les nouveaux employés de Solios doivent compléter une formation sur la diversité, l’équité et l’inclusion lors de leur processus d’intégration à l’entreprise. Tous les employés actuels de Solios ont aussi reçu la formation rétroactivement ;
  3. Nous avons mis en place diverses politiques sociales au sein de l’entreprise, afin de sensibiliser nos employés et nos partenaires à nos valeurs d’entreprise et poser un cadre officiel qui guide nos actions et décisions d’entreprise quant à la gestion de nos ressources humaines et nos pratiques de recrutement ;
  4. Solios s’est engagé à doubler le montant en don fait par ses employés à la cause de leur choix lié à cet enjeu ;
  5. Nous nous sommes dotés de nouveaux livres, films et documentaires sur le sujet de la discrimination et du racisme qui ont été mis à la disposition de nos employés, afin de les aider dans leurs efforts personnels d’éducation sur le sujet.

L’importance de s’informer : Comprendre les multitudes de concepts et nuances

En faisant nos propres recherches sur le sujet et en discutant avec les gens de notre communauté, nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’entre nous connaissons le problème de la discrimination et du racisme, et plusieurs d’entre nous discutent même ouvertement du problème, mais parfois, nous notons une certaine incompréhension des réalités qui forment la fondation de base de cet enjeu de société majeur. Terminons donc en passant en revue trois concepts clés qui en aideront plusieurs à comprendre les racines de la discrimination raciale et les incohérences de notre système sociétal.
1. L’origine de la couleur de notre peau
2. Le profilage racial
3. Distinction entre l’équité, l’égalité et le privilège

Le rôle de l’évolution sur la couleur de notre peau

Les variations de la couleur de la peau humaine sont des traits adaptatifs qui sont étroitement liés à la géographie, au rayonnement ultraviolet (UV) du soleil et au principe d’évolution. Les premiers humains se sont installés dans des lieux où ils pourraient survivre, donc suffisamment chauds et avec un accès à l’eau. Au fil du temps, afin de rester au frais, le corps humain s’est adapté en augmentant le nombre de glandes sudoripares sur la peau tout en réduisant la quantité de poils corporels. Mais cette peau moins poilue était un problème car elle était exposée à un soleil très fort, surtout dans les terres proches de l'équateur. Étant donné qu'une forte exposition au soleil endommage le corps, la solution consistait à faire évoluer une peau foncée en permanence afin de se protéger contre les rayons plus nocifs du soleil. La mélanine, pigment brun de la peau, est un écran solaire naturel qui protège les peuples tropicaux et sudistes des nombreux effets nocifs des rayons ultraviolets (UV). Pourtant, lorsqu'une certaine quantité de rayons UV pénètre dans la peau, elle aide le corps humain à utiliser la vitamine D pour absorber le calcium nécessaire à la solidité des os. Cet équilibre délicat explique pourquoi les peuples qui ont migré vers des zones géographiques plus froides avec moins de soleil ont développé une couleur de peau plus claire. Alors que les gens se déplaçaient vers des zones plus éloignées de l'équateur avec des niveaux d'UV inférieurs, la sélection naturelle favorisait une peau plus claire qui permettait aux rayons UV de pénétrer et de produire de la vitamine D. La peau plus foncée des personnes qui vivaient plus près de l'équateur était importante pour prévenir la carence en folates. Un troisième facteur affecte la couleur de la peau: les peuples côtiers qui ont des régimes riches en fruits de mer bénéficient de cette source alternative de vitamine D. Cela signifie que certains peuples de l'Arctique, tels que les peuples autochtones de l'Alaska et du Canada, peuvent se permettre de conserver leur peau foncée même dans les zones à faible rayonnement UV. En été, ils reçoivent des niveaux élevés de rayons UV réfléchis par la surface de la neige et de la glace, et leur peau foncée les protège de cette lumière réfléchie.

Qu’est-ce que le profilage racial

Le Service de Police de la Ville de Montréal désigne le profilage racial comme « toute action prise par une ou des personnes d’autorité à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, pour des raisons de sûreté, de sécurité ou de protection du public, qui repose sur des facteurs tels la race, la couleur, l’origine ethnique ou nationale ou la religion, sans motif réel ou soupçon raisonnable, et qui a pour effet d’exposer la personne à un examen ou à un traitement différentiel. Le profilage racial inclut aussi toute action de personnes en situation d’autorité qui appliquent une mesure de façon disproportionnée sur des segments de la population du fait, notamment, de leur appartenance raciale, ethnique ou nationale ou religieuse, réelle ou présumée. »
Par exemple, une personne à la peau foncée conduisant une voiture de luxe dans certains quartiers de la ville aura beaucoup plus de chances de se faire arrêter par la police et se faire demander pourquoi elle se trouve au volant de cette voiture. Dans cette situation, la décision de questionner le conducteur sera régulièrement due au profilage racial, lorsqu’aucune autre raison ne justifiait l’arrêt du conducteur.

Équité, égalité et privilège

L’équité repose sur la volonté de comprendre les gens et de leur donner ce dont ils ont besoin pour s’épanouir et avancer. Elle diffère de l’égalité, qui repose sur la volonté d’offrir la même chose à tous les gens pour qu’ils puissent s’épanouir. Tout comme l’équité, l’égalité vise à promouvoir la justice, mais l’égalité ne peut être atteinte que si tous les gens partent du même point de départ et ont les mêmes besoins. En d’autres mots, c’est l’approche visant à traiter chaque individu, chaque groupe de façon juste, en tenant compte de leurs caractéristiques particulières afin de les placer sur un plan d’égalité. Elle s’oppose à l’uniformité dans l’application systématique d’une norme sans tenir compte des différences et de la diversité de la société. L’équité se réfère donc à un accès égal aux mêmes opportunités.
Le privilège auquel nous nous référons dans le sujet de la discrimination englobe donc tous les avantages que certaines personnes (mais pas tous) ont la chance d’avoir dans leur accès aux opportunités dans la société. Être privilégié n’est pas une mauvaise chose en soi, mais il est important que reconnaître que nous ne le sommes pas tous de la même façon, et que certains le sont beaucoup plus que d’autres. En reconnaissant cette différence, nous pourrons ainsi appliquer les principes d’équité, qui mèneront éventuellement à une situation d’égalité pour tous ! Dans un monde idéal, nous aspirons donc à un monde où le privilège tel que décrit ci-dessus n’existerait plus, et tous se trouveraient en situation d’égalité.

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