De plus en plus, des entreprises se targuent de planter des arbres, que ce soit lors de votre achat ou pour compenser leurs émissions de carbone. L’initiative encourageante démontre que notre société est de plus en plus conscientisée vis-à-vis les changements climatiques. Or, la question se pose réellement : ce geste a-t-il réellement un impact positif sur l’environnement? Certaines entreprises en sont convaincues, alors que d’autres le font sous forme de greenwashing, mais une chose est sûre, il faut creuser plus loin pour avoir la bonne réponse.

Planter un arbre, quel est l'impact?

Au quotidien, vous faites régulièrement affaire avec des entreprises qui plantent des arbres. Que ce soit votre café local, ou bien le marque de vêtements que vous portez actuellement, il y a de fortes chances que ces entreprises aient planté un arbre lors de votre achat. Les médias mettent en lumière ces bonnes pratiques et il devient clair que la reforestation est essentielle pour ralentir les changements climatiques. Même des nations se joignent au combat, comme le Canada qui s’est engagé en 2020 à planter 2 milliards d’arbres. Il n’y a aucun doute, l’urgence climatique est connue et les bienfaits climatiques qu’apportent nos forêts le sont tout autant.

Or, les spécialistes sont nombreux à sonner l’alarme, mentionnant que planter des arbres peut créer plus de mal que de bien. Cela semble contre-intuitif, car ce ne sont pas les arbres comme tels qui inquiètent les experts, mais bien les pratiques employées par l’industrie de la reforestation.

L’un des problèmes fréquents durant la reforestation ou l’afforestation est qu’une seule espèce d’arbres est utilisée pour la plantation. Cela diffère complètement d’une forêt naturelle qui regorge d’espèces, et cela vient avec son lot d’impacts. Très souvent, l’espèce choisie sera consommée à nouveau, soit pour ses fruits ou pour son bois, ou ne servira pas à atteindre l’objectif de la reforestation. Dû à cette monoculture, les nouvelles forêts sont souvent appelées à disparaitre rapidement, relâchant ainsi tout le gaz carbonique qu’elles auraient accumulé lors de leur courte croissance. D’autant plus que si le choix de l’espèce choisie n’est pas adéquat, il arrive très souvent que la forêt ne pousse simplement pas. Selon une étude effectuée en 2017, 9 des 23 projets de reforestation au Sri Lanka n’auraient eu aucun arbre qui aurait poussé. Seulement 3 sites sur 23 ont vu plus de la moitié de leurs arbres pousser. Au total, moins de 20% des arbres plantés sur 2500 acres ont poussé. Et cela peut même être plus grave, alors que des reforestations peuvent avoir des effets négatifs. Par exemple, en Afrique du Sud, le pays avait planté une espèce d’acacias australien pour arrêter l’expansion des dunes. Aujourd’hui, cette espèce s’est tellement propagée qu’elle assèche les cours d’eau et détruit la biodiversité du pays. L’Afrique du Sud dépense actuellement des millions pour retirer ces arbres.

Espèce de Monoculture pour huile de Palm en Indonésie.

Beaucoup critiquent l’industrie à employer des pratiques inadéquates, mais malheureusement, cela est souvent causé par les incitatifs commerciaux qui sont versés aux entreprises. Sans surprise, pour qu’une reforestation soit rentable, il faut le faire à moindre coût et à caractère commercial. Les incitatifs liés aux bienfaits de l’environnement sont trop minimes pour inciter à faire de la reforestation pour le bien de notre climat. Par ailleurs, ces mauvaises pratiques sont encouragées par les critères de succès qui s’arrêtent trop souvent sur le nombre d’arbres plantés, alors que planter un arbre n’est que le début d’un long processus. Il faut définir le succès autrement pour avoir un réel impact.

Tout cela peut sembler décourageant, mais ne vous méprenez pas : il est primordial de planter des arbres pour combattre les changements climatiques et limiter la hausse de température mondiale à 1.5 degré Celsius. Il faut toutefois encourager la reforestation qui souhaite le bien de notre planète plutôt que l’enrichissement commercial ou la conquête du plus grand nombre d’arbres sans tenir compte du résultat. Même au sein de la fameuse campagne mondiale pour planter 1 billion d’arbres, la TrillionTree Campaign, la grande majorité des plantations seront faites à des fins commerciales ou ne verront jamais le jour une fois plantées.

Et par-dessus tout, cela n’empêche pas la déforestation, qui est la cause principale de la hausse de gaz à effet de serre dans le milieu de la foresterie. Au contraire, elle sert même à l’encourager, car les entreprises peuvent justifier une coupe grâce à une reforestation.

Protéger nos forêts existantes d’abord

Le consensus est clair parmi les experts : la meilleure façon de combattre les changements climatiques n’est pas de planter, mais bien d’empêcher la déforestation. Bien que les deux actions soient complémentaires et nécessaires, il est plus efficace d’empêcher la coupe d’une forêt actuelle que d’en planter une nouvelle.

En outre, plus la déforestation s’accélère, plus les feux de forêt sont fréquents. Et les premières victimes? Les nouvelles forêts. En plus d’être plus courant, les feux de forêts se propagent plus facilement dans les nouvelles forêts, dû à leur jeunesse et leur manque de biodiversité. Il est donc doublement important de limiter les déforestations, car cela rend nos efforts de reforestation quasi inutiles.

Chaque seconde, une acre de forêt tropicale est détruite dû à la déforestation.

C’est principalement pour ces raisons que Solios a décidé de s’impliquer dans la protection de nos forêts actuelles plutôt que dans la reforestation. Sachant que notre mission est de protéger notre climat et sa biodiversité, nous avons effectué nos recherches pour optimiser nos efforts afin qu’elles aient le plus grand impact positif.

Comment Protéger Une Forêt Contre La Déforestation?

Vous avez sans doute lu que pour chaque Solios vendue, nous protégeons une acre de forêt tropicale. Mais comment réussissons-nous concrètement à le faire?

D’abord, il y a deux manières de protéger une acre de forêt tropicale et les deux doivent se faire conjointement. La première d’entre elles consiste à identifier les forêts tropicales et les espèces animales qui sont les plus en danger, afin de protéger ces zones en achetant les terres. La raison est simple; il faut les acheter avant qu’elles ne tombent dans les mains de multinationales. Puisque les ressources de ceux qui se battent pour la préservation sont limitées, il faut sélectionner les endroits les plus précaires.

Malheureusement, l’achat des terres n’est pas suffisant pour les protéger contre les minières, les foresteries et les entreprises agricoles… et encore moins contre les braconniers. En effet, énormément d’activités commerciales illégales surviennent même sur des terres protégées. La deuxième manière consiste donc à assurer une surveillance constante sur les terres acquises. Pour y arriver, il faut travailler avec les communautés locales qui ont la même volonté que nous de protéger ces terres. Le travail conjoint est primordial, car seules, ces communautés n’ont pas le pouvoir d’achat suffisant pour rivaliser contre les multinationales, et de notre côté, nous ne pouvons assurer une protection des terres sans ces communautés.

Rangers dans le parc de Virunga. Chaque année, plusieurs rangers sont tués par les braconniers.

Et ça fonctionne! Depuis la création en 1988 de la fondation Rainforest Trust avec qui nous sommes partenaires, plus de 38 millions d’acres de forêt ont été acquis, et plus de 99% d’entre elles sont encore intactes à ce jour.

Alors comment capturer du carbone?

Contrairement à la reforestation, la protection des forêts actuelles n’est pas considérée comme une capture de carbone. Elle est plutôt une manière d’empêcher de relâcher davantage de carbone dans l’air. Selon la TrillionTree Campaign, autrefois, plus de 6 billions d’acres de forêt couvraient la terre, alors que nous ne sommes plus qu’à 3 billions. Naturellement, il y a beaucoup moins de capture de carbone qu’autrefois. Or, pour combattre les changements climatiques, il faut également retirer les gaz à effet de serre excédentaires qui se trouvent dans l’atmosphère.

La solution la plus utilisée pour retirer du carbone de l’atmosphère est la plantation d’arbres. Et de beaucoup. Cependant, pour les raisons que nous avons énumérées plus haut, cette technique est de moins en moins reconnue par les instances écologiques comme étant suffisante. Pour qu’une technique de capture carbone soit reconnue comme étant efficace, il faut que la séquestration soit jugée permanente. Puisque la grande partie des nouvelles forêts sont rasées quelques années plus tard ou bien tomberont sous les feux de forêt, le carbone sera aussitôt relâché dans l’atmosphère.

Plusieurs autres techniques existent, mais elles demeurent encore trop dispendieuses ou trop peu développées pour être attrayantes.

Ocra, la plus grande facilité de capture de carbone au monde en Island, est capable de capturer à son plein potentiel 4000 tonnes par année, l’équivalent de 790 voitures par année.


Celle qui suscite le plus d’intérêt est la Capture Directe de Carbone (DAC) qui consiste à capturer le gaz carbonique directement de l'atmosphère pour ensuite l'enfouir dans le sol. Le concept est très similaire à la photosynthèse, mais selon le Center for Climate and Energy Solutions, la DAC pourra capturer au maximum 14% des émissions, et ce, à partir de 2050, et nous sommes actuellement à moins de 1%.


Solios vise la carboneutralité dès 2023

Afin de devenir une entreprise carboneutre, il est essentiel de faire de la capture de carbone. Bien que la manière la plus efficace pour devenir carboneutre soit de réduire nos émissions de carbone, il est impossible d’atteindre le seuil de 0 émission. Que ce soit lors de la livraison de nos produits par avion, ou simplement lorsqu’un employé doit faire une commission pour l’entreprise, nous générons régulièrement des émissions. Nous serons les premiers à opter pour l’avion électrique lorsqu’il existera, mais d’ici là, nous devons compenser pour notre empreinte afin d’atteindre notre objectif.

La première étape pour atteindre notre objectif consiste à mesurer nos émissions. Chose assez ardue, mais que nous ferons dès 2022. Par la suite, nous devrons compenser pour notre empreinte écologique par de la capture de carbone. Malgré tous les arguments qui ont été exprimés plus haut, Solios optera pour la reforestation tant qu’il n’y aura pas de meilleure technique. Ce sera à nous d’effectuer nos recherches pour trouver les meilleures partenaires tout comme nous l’avons fait avec la Rainforest Trust. Bien que beaucoup de joueurs utilisent la reforestation à des fins commerciales, il ne faut pas négliger le fait que beaucoup d’acteurs se battent tout comme nous pour le bien de notre planète.

Et cela, nous le faisons déjà. Tous nos envois de colis et toutes les émissions générées par nos employés sont actuellement compensés par les arbres que nous plantons. Nous sommes très près de la carboneutralité, mais nous attendons les résultats de notre étude exhaustive pour le confirmer. Notre objectif est de le devenir d’ici la fin de l’année 2023.

D’ici là, Solios ne dérogera pas de ses efforts supplémentaires pour protéger nos forêts actuelles. Même lorsque nous serons carboneutres, nous continuerons à nous battre pour protéger le poumon de notre planète. Simultanément, nous allons poursuivre nos recherches concernant les meilleures techniques pour enfouir du CO2 dans le sol de manière permanente et ainsi, trouver les meilleurs partenaires qui ont réellement le bien-être de notre planète à cœur.

Que faire de votre côté?

N’hésitez surtout pas à planter des arbres et à continuer à poser vos petits gestes au quotidien. Non seulement vous aurez un impact direct, mais plus important encore, vous influencerez votre entourage à faire de même et à multiplier votre impact, car aussi positive que soit votre action, ce n’est pas suffisant si nous n’agissons pas tous ensemble.

Concernant ces entreprises qui plantent des arbres, bien que nous les préférions aux entreprises qui ne posent aucun geste, nous vous encourageons à poser davantage de questions. Informez-vous sur les pratiques de l’entreprise et sur ses valeurs. Aucune entreprise n’est parfaite, mais une entreprise qui tente réellement d’avoir un impact positif et à s’améliorer saura répondre authentiquement à vos questions.

En espérant un jour planter des arbres à vos côtés!

Écrit par Samuel Leroux | Co-fondateur de Solios


Lexique

Acre : Unité de surface égale à 0,4 hectare ou à 4046,9 mètres carrés, encore utilisée en agriculture et dans divers pays avec des valeurs différentes.

Afforestation : Plantation par l'homme d'arbres dans le but de repeupler une surface longtemps restée déboisée, ou n'ayant jamais eu de forêt auparavant.

Capture ou séquestration de carbone : La séquestration du carbone (piégeage du CO2) est le stockage relativement stable à long terme du carbone dans les océans, les sols, la végétation (en particulier les forêts avec la photosynthèse) et les formations géologiques. La séquestration du carbone est l'élimination du dioxyde de carbone de l'atmosphère vers un stockage dans le système terrestre.

Carboneutralité : Lorsqu’une activité humaine a un bilan nul net en matière d’émission de gaz à effet de serre (GES). Pour une entreprise, ceci signifie qu’elle doit compenser les émissions de carbone émises par l’entreprise par une équivalence en capture de carbone.

Déforestation : Réduction de la superficie d'une forêt, action de déraciner et d'abattre des arbres pour récupérer un terrain exploitable.

Forêt tropicale : La forêt tropicale est la forêt caractéristique des régions tropicales et équatoriales. N'ayant pas ou peu été affectées par les dernières glaciations, ce sont les forêts les plus riches du monde au regard de la biodiversité, mais elles sont souvent menacées par la conversion en zones agricoles ou sylvicoles, et localement par la déforestation, la surexploitation, la fragmentation écologique et/ou les incendies.

Hausse de 1.5 degrés Celsius : L'objectif de température à long terme de l'accord de Paris est l'un de ces objectifs, qui fixe à 1,5 °C l'augmentation de la température moyenne mondiale par rapport aux niveaux préindustriels comme limite du réchauffement à long terme. Limiter le réchauffement à 1,5°C permet d'éviter les pires conséquences du changement climatique. De nombreux changements s'amplifient en fonction de l'augmentation du réchauffement, et chaque fraction de degré fait la différence.

Écoblanchiment ou Greenwashing : Le greenwashing (éco-blanchiment) est une méthode de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l'argument écologique. Le but du greenwashing étant de se donner une image éco-responsable assez éloignée de la réalité, la pratique du greenwashing est donc trompeuse et peut être assimilée à de la publicité mensongère.

Photosynthèse : Processus par lequel les plantes vertes synthétisent des matières organiques grâce à l'énergie lumineuse, en absorbant le gaz carbonique de l'air et en rejetant l'oxygène.

Reforestation : Plantation d'arbres par l'homme dans le but de repeupler une surface déboisée par lui.


Autre source et Video :

https://www.youtube.com/watch?v=qrHxi_ny5nk

https://www.youtube.com/watch?v=0OG8MddO8OM

https://www.bbc.com/news/science-environment-53138178

https://www.conservationeffectiveness.org/


Émile Vanwinden